Fashion Week Homme Automne/Hiver 2023-2024, tour d’horizon de Milan à Paris

Mode & Maroquinerie

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Fendi

Conçue par Silvia Venturini Fendi, directrice artistique des lignes masculines et accessoires, elle est la synthèse parfaite du confort raffiné, de l’opulence décontractée et de l’élégance impromptue. La créatrice a dévoilé un vestiaire à l’allure classique agrémenté de vêtements en trompe-l’œil avec un jeu de l’asymétrie et des volumes. Riche de son savoir-faire, la Maison célèbre les caractéristiques de la matière : du cachemire double-face, du cuir savamment travaillé, des soies en jacquard. Le tout présenté dans une palette de couleurs sobre avec des nuances de gris, avoine, terre brûlée, moka, mauve, lavande, marine et noir. Le motif astuccio se réinvente en Shadow, un logo plus grand que nature tissé sur des écharpes en mohair. En ce qui concerne les accessoires, le Peekaboo évolue avec des sangles métalliques et le sac Baguette tout de cuir bruni laisse apparaitre un fini en daim ou en cuir grainé.

Givenchy

Pour sa collection Homme Automne-Hiver 2023, la maison parisienne a dévoilé un vestiaire masculin classique en évolution. Matthew M. Williams à la tête de la direction artistique a mis en lumière une approche traditionnelle de la mode masculine en l’adaptant à une nouvelle culture vestimentaire fondée sur une vision individualisée de formalité, de confort et de confiance en soi. La collection révèle un tailoring repensé, notamment quatre costumes noirs créés dans l’atelier Haute Couture, aux ourlets défaits et effilochés. Une réflexion autour des volumes se poursuit à travers un jeu de superposition de sweat-shirts courts ou de jerseys. On retrouve également une déconstruction du vêtement de travail, qui s’exprime à travers des pantalons cargo transformés en jupes, des kilts en tartan. Cette nouvelle masculinité prend forme dans des matériaux divers –denim, nylon, enduit de polyuréthane, mouton retourné, tweed– dans une palette de couleurs alliant teintes fluo et couleurs pastel.

Dior

Comme un plongeon dans l’histoire de la Maison Dior, la nouvelle collection de Kim Jones est au confluent du passé et du futur, écho à la première collection signée Yves Saint Laurent pour Dior en 1958 et à une créativité contemporaine empreinte de poésie. Au rythme des voix des acteurs Gwendoline Christie et Robert Pattinson, les silhouettes forment une vague lente d’écume blanche, de gris perle et de sable rose. Inspiré par le mouvement de l’eau, le directeur artistique joue sur un masculin-féminin plus fluide que jamais –bermudas légers, jupes structurées, touches subtiles de léopard, effets de transparence. Faussement décontractées, les silhouettes mêlent l’art du drapé, des tricots dénudant un bras de chemise, à l’art du tailoring anglais. L’influence de la mer crée un dialogue d’une grande modernité entre l’ensemble original Paris imaginé par Yves Saint Laurent, ici réinterprété en sergé de cavalerie pour devenir une longue blouse de pêcheur, et les vareuses urbaines, chapeaux de pluie, le cuir couleur ciré jaune ou bottes imprimées en 3D. Sous le masque de la simplicité, la complexité et la précision infusent chaque création.

Kenzo

Chez Kenzo, Nigo livre son approche créative singulière, tout en poursuivant l’héritage de Kenzo Takada avec un vestiaire par-delà les cultures, les époques et les styles. A l’intersection entre la culture britannique, américaine et japonaise, cette collection Automne-Hiver 2023 offre un dialogue illustré par des vestes tuniques sans col, des pantalons fuselés et des mini-jupes, à une forme de costume des années 1980. A cette grammaire occidentale, se mélange le langage de la garde-robe des arts martiaux japonais : vestes inspirées de l’uniforme du kendo, jupes volumineuses façon hakama qui, elles-mêmes, font écho au kilt britannique et aux vêtements de travail américain. Le long de la collection, on peut voir une application continue du sashiko, technique japonaise de broderie, utilisée pour développer de nouveaux tissus (nylon, denim, laine, maille et jersey). Les jacquards et les fils coupés apparaissent sur un velours travaillé de multiples façons : du fluide sophistiqué au subversif dévoré et au velours côtelé d’origine. Les chaussures et les sacs donnent aussi lieu à un terrain de jeu tantôt de l’Occident, tantôt du Japon, avec des pièces telles que le sac Sporran réinterprété ou la pochette Kinchaku ; la Kenzo Western s’inspire d’authentiques bottes de cow-boy, une autre célébration du monde occidental.

LOUIS VUITTON

Sous le signe du collectif, la nouvelle collection Louis Vuitton est l’œuvre du Studio de Prêt-à-Porter Homme et du designer américain Colm Dillane du label KidSuper (Prix Karl Lagerfeld 2021), aux côtés du styliste sierra-léonais Ibrahim Kamara et de la directrice artistique ukrainienne Lina Kutsovskaya. Après un prélude cinématographique réalisé par les frères Gondry, le défilé a pris des allures de show grâce à la performance de la chanteuse espagnole Rosalía, également commissaire musicale. Le passage de l’enfance à l’âge adulte est le fil rouge de la collection, matérialisé dans les fils qui se décousent sur les costumes ou qui forment des franges décoratives. Les souvenirs des designers du Studio liés aux années 1990 se transforment en broderies de perles et paillettes, inspirées par la télévision ou l’essor de la vie numérique. Des motifs chambre à coucher évoquent l’univers intime des adolescents quand des motifs d’yeux en format XXL créent un effet pixellisé. Spectaculaire, un patchwork de cuir recrée un visage dans un camouflage monogrammé sur les manteaux ou les sacs iconiques de la Maison. Aux influences digitales répond une silhouette blanche faite de fragments de cuir et scans de vraies lettres rédigées par les membres du Studio. Les sacs-caméras brouillent les frontières entre fiction et réalité comme les messages « Blurry vision of a bright future » ou encore « Fantastic Imagination? ». Une vision puissante de créativité, de savoir-faire et d’art de la mise en scène signée Louis Vuitton.

LOEWE

Pour LOEWE, Jonathan Anderson met l’accent sur l’histoire de l’art et les matières. Une veste en acier, réalisée en collaboration avec l’artiste métallurgiste Elie Hirsch, déploie sa forme ondulée qui semble aussi légère qu’un tissu. Nouvelle expression de l’iconique Puzzle, la version tote bag en cuir délicat s’inspire de l’origami. Le t-shirt parchemin rappelle quant à lui le vélin privilégié par les maîtres de la Renaissance et inspiration de l’artiste américain Julien Nguyen pour créer l’invitation du défilé. Les silhouettes défilent dans un espace minimaliste, évocation de la toile blanche autant que de la galerie contemporaine. Au centre, deux œuvres inédites et maximalistes de Julien Nguyen représentent sa muse Nikos en sous-vêtements. Caleçons courts de soie ou caleçons longs remplacent les pantalons, les dessous masculins prenant le dessus. Ailes ou lentilles de couleurs donnent tour à tour des airs d’anges ou de démons aux mannequins chaussés de derbies et de boots aux bouts exagérément arrondis. Les formes déformées se retrouvent sur des manteaux cloches empreints d’une fantaisie propre à cette collection.