La poésie singulière de Kenzo par Nigo pour son premier défilé mixte Automne/Hiver 2022

Mode & Maroquinerie

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Pour son premier défilé en tant que directeur artistique de Kenzo, Nigo a choisi la Galerie Vivienne – un hommage direct à Kenzo Takada, couturier japonais et fondateur de la Maison, qui avait présenté en 1970 son premier défilé au sein de ce passage mythique parisien. Sa collection mixte Automne-Hiver 2022 insuffle de la poésie dans un esprit « real-to-wear » mêlant héritage et codes contemporains.

Sous la lumière naturelle de la verrière de la Galerie Vivienne, 60 silhouettes féminines et masculines ont défilé sur une bande-son rythmée d’extraits exclusifs de I Know Nigo, prochain album du nouveau directeur artistique auquel ont contribué notamment Pharrell Williams et Tyler, The Creator. Les artistes, présents pour le premier show de Nigo au milieu d’invités emmitouflés dans des plaids signés du logo de la Maison, ont assisté à la naissance d’un nouveau style – une mode empreinte de plusieurs cultures, à la fois authentique et avant-gardiste. Ainsi les influences américaines et la culture japonaise de Nigo créent un dialogue harmonieux : blousons Teddy d’étudiants ornés de patchs Ivy League ou blousons style aviateur côtoient des formes typiques de vêtements du Japon comme le samue que portent les potiers, un art pratiqué par Nigo lui-même, ou le hanten, vêtement traditionnel imaginé en laine double face pour les manteaux ou en flanelle de laine pour une version courte.

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Fidèle au real-to-wear qui était cher à Kenzo Takada, Nigo associe tailoring et workwear pour une silhouette qui dépasse les genres. Ainsi se croisent des salopettes robustes en denim japonais aux surpiqûres jaunes et des costumes à carreaux Prince de Galles et à rayures qu’affectionnait Kenzo Takada. Des croquis originaux du fondateur sont également mis à l’honneur sur des ensembles blancs masculins et féminins comme des toiles blanches. Avec la maille, Nigo s’aventure sur des jeux de textures et de couleurs renouant avec les débuts de la Maison. La date 1970 est elle-même omniprésente dans le show, comme sur les nombreux bérets, plaçant en miroir la date de naissance de Nigo au Japon et l’année de l’éveil de Kenzo Takada à Paris comme l’un des futurs meilleurs couturiers de sa génération.

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La poésie de cette première collection s’invite enfin dans les accessoires. Le coquelicot, fleur emblématique de la Maison, se retrouve brodé sur du denim comme échappé d’une poche devenue vase, peint sur des chaussures ou tricoté sur de la maille épaisse. Les étiquettes Kenzo Paris, de ce même rouge coquelicot, embellissent une manche de costume, créent la signature d’un sac ou jouent avec l’envers et l’endroit d’une cravate. L’animal totem de Kenzo, le tigre, devient docile dans un nouveau motif aquarelle Aka-e Tiger imaginé par Nigo et se montre réconfortant dans les versions contemporaines d’écharpes félines en peluche. Parmi les sacs, les sacs-pochettes réversibles sont brodés de cartes du Japon d’un côté et de la France de l’autre, indiquant une fois de plus les liens uniques entre ces deux cultures dans la Maison Kenzo pour la nouvelle page créative de son histoire.