Fondation Louis Vuitton : Gerhard Richter

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A l’occasion de la semaine inaugurale de la Fondation Louis Vuitton, l’ensemble des œuvres du premier accrochage a été dévoilé. Parmi elles, une série de travaux de Gerhard Richter, présentées dans l’une des galeries du bâtiment, retrace le parcours créatif de l’artiste. Retour sur ce corpus d’exception.

 

La galerie 5 de la Fondation est exclusivement consacrée aux œuvres de Gerhard Richter provenant de la collection permanente. On y retrouve aussi bien des œuvres à la touche lissée, reproduisant des photographies, que des toiles relevant de l’exploration des possibilités de l’abstraction. Réalisée à partir d’une photographie prise des années auparavant, Hirsch (1963) est l’une des œuvres les plus singulières de ce premier corpus. De facture lisse, Seestück (Leicht bewölkt) (1969) appartient à un groupe de marines où Gerhard Richter reconsidère la peinture romantique, en particulier l’œuvre de Caspar David Friedrich. Depuis 1964, Gerhard Richter ne cesse d’explorer les possibilités et le vocabulaire de l’abstraction. Rare ou discrète jusqu’en 1971, la couleur devient généreuse et éclatante à partir de 1979. Avec Wald (1990), un ample mouvement horizontal déchire un épais voile noir pour laisser percer des strates successives de couleurs vives (jaune, bleu, rouge), action caractéristique du racloir donnant lieu à de sensuelles moirures et effets de flou. Une appétence pour la profusion que l’artiste contrebalance par des tableaux presque monochromes, comme la série Weiss réalisée en 2006. Irrégulièrement étendue sur de l’aluminium, fissurée, grattée et lézardée, la peinture à l’huile blanche laisse transparaitre ici et là une sous-couche de noir.

 

Conçue en 2011, la série des Strip témoigne de l’intérêt de l’artiste pour les nouvelles technologies, qui redéfinissent la notion de concept pictural et les conditions de sa réalisation, notamment par la modélisation informatique de combinatoires de couleurs. Cette série de 72 tirages numériques est élaborée à partir d’un scan de Abstract Painting (724-4), une peinture de 1990 présentant différentes couches de pigments appliquées au racloir. À l’aide d’un logiciel, ce scan est divisé dans sa verticalité en 2 bandes, puis en 4, 8, 16, 32, jusqu’à obtenir 8190 bandes qui s’affinent au cours du processus. Explorant depuis ses débuts les paramètres de la photographie et son incidence sur sa pratique picturale, Gerhard Richter poursuit sa réflexion sur la résistance de l’art de peindre aux nouveaux médias.