Paris Fashion Week : la femme ose

Mode & Maroquinerie

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Du 27 septembre au 5 octobre s’est tenue la Fashion Week de Paris, rythmée par les présentations des collections Printemps-Été 2017. Les Maisons Loewe, Christian Dior, Céline, Givenchy, Kenzo et Louis Vuitton ont dévoilé leurs propositions pour la saison prochaine.

© Manuel Braun

Inspiré par l’Art Contemporain, Jonathan Anderson chez Loewe livre une collection éclectique et poétique, jouant avec les couleurs naturelles et les matières : céramique, cuir, lin, nylon, toile de jute, jersey… Les textures révèlent un artisanat inspiré, se parent de motifs ou composent un patchwork réussi. La dimension artisanale se décline à l’infini : les bords des robes fluides se veulent effilochés, brutsdans un esprit work in progress. Le Directeur de Création a le sens de l’équilibre en soulignant la taille et en donnant aux épaules du volume. Une collection radicale et résolument contemporaine, ornée par des fleurs d’arums en métal qui s’enroulent autour du poignet.

© DR / Christian Dior Couture

Première femme à occuper la Direction Artistique de la Maison Dior, Maria Grazia Chiuri fait entrer la Maison dans une nouvelle ère et en redéfinit les codes. Sa collection est un hymne féministe qui devrait séduire les femmes d’aujourd’hui, mais surtout parler à une jeune génération qui trouverait dans la Directrice de Création une nouvelle figure de leur temps. Le contraste est sans doute ce qui résume le mieux cette collection : les silhouettes d’escrimeuses à l’allure sportive côtoient le ballet avec son esprit lingerie et le tulle brodé. Même si Maria Grazia Chiuri donne à la Maison de nouveaux codes, elle ne fait pas pour autant table rase du passé en réintroduisant le motif de l’abeille iconique, clin d’œil à Christian Dior. Cette « Dio(r)evolution » dont le message clé est « We should all be feminists » propose un vestiaire noir et blanc, rehaussé d’une touche de rouge, montrant une femme à la fois assurée et délicate, une femme d’esprit et de cœur.

Chez Céline, Phoebe Philo navigue entre Mode et Art avec une scénographie réalisée par son ami de longue date et artiste, Dan Graham. C’est dans le tumulte du trafic urbain que le défilé commence, dans un décor fait d’acier et de verre réfléchissant. Cette saison, la femme Céline est insaisissable, elle joue avec la transparence et le contouring, mais aussi avec les proportions se voulant inhabituelles et qui aiguisent les silhouettes. Les robes longues immaculées sont accentuées par un bleu en référence aux Anthropométries d’Yves Klein, les vestes sont XXL, tout comme les nouveaux must-have maroquiniers de la Maison.

© Monica Feudi

De nuit, au cœur du Jardin des plantes et sur un podium tout en miroir, Riccardo Tisci chez Givenchy suggère une collection au plus près de la nature et empreinte de spiritualité. Le défilé s’ouvre sur une nuisette parée d’un mandala démesurément psychédélique et se poursuit sur des robes près du corps aux motifs floraux et aux couleurs franches. Les bijoux oversize en verre donnent du relief aux costumes de couleur sobre et ponctués de zips. Coiffée à la Joséphine Baker, la femme Givenchy est résolument sensuelle, sexy et confiante.

© DR / Kenzo

C’est un défilé Kenzo spectaculaire qu’ont dévoilé Humberto Leon et Carol Lim à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Statues humaines, sol en pierre brute, ambiance électrique… Les deux Directeurs Artistiques ont rendu un hommage vibrant à l’illustrateur de mode des années 80, Antonio Lopez. La collection joue la juxtaposition de matières telles que le denim, le vinyle, le tissu lamé ou le caoutchouc. Le vestiaire Kenzo se constitue à la fois de robes près du corps, de combinaisons et de robes tee-shirt graphiques. La femme est urbaine, sophistiquée et désirable, bien dans son époque.

LOUIS VUITTON Women Collection Spring-Summer 2017 © Louis Vuitton Malletier – All rights reserved

Pour la présentation de la dernière collection Louis Vuitton, Nicolas Ghesquière a élu la Place Vendôme. C’est dans la nouvelle boutique Louis Vuitton qu’il a choisi de dévoiler ses modèles, non loin de la toute première boutique ouverte en 1854. Les couleurs dominantes, le doré et le noir, jouent la transparence et s’associent aux coupes tranchées. L’esprit tailleur est davantage accentué, bien que déconstruit et les épaules, bien définies. Les motifs, eux, flirtent avec des effets métalliques, iridescents portés par une femme Vuitton à l’esprit guerrier.