3 questions à Jean-Paul Claverie et Sophie Durrleman
LVMH
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Jean-Paul Claverie, Conseiller de Bernard Arnault, et Sophie Durrleman, Directrice déléguée de la Fondation Louis Vuitton, présentent à travers leurs réponses à trois questions le projet hors-norme de la Fondation.
La Fondation Louis Vuitton a été inaugurée ce lundi 20 octobre 2014. Pouvez-vous relater la genèse de ce projet ?
Jean-Paul Claverie : Lors de ma toute première rencontre avec Bernard Arnault, le 28 août 1990, nous avons évoqué l’idée d’une fondation. J’étais alors conseiller du ministre de la Culture, Jack Lang ; quelques mois plus tard, Bernard Arnault me proposa de le rejoindre au sein du groupe LVMH. Au cours des nombreuses discussions qui suivirent, nous avons évoqué et mûri l’idée d’une fondation mettant en œuvre et pérennisant un programme artistique, culturel et éducatif ; le rêve mettra plus de vingt ans à se réaliser. Entériner ce projet signifiait assumer une responsabilité d’acteur culturel et artistique à part entière. Pour Bernard Arnault, un tel projet ne pouvait voir le jour qu’à Paris.J’avais eu l’intuition des affinités de fond existantes entre les travaux de Frank Gehry et la vision de Bernard Arnault de ce que devrait être ce bâtiment que nous appelions déjà entre nous « la Fondation ». Une véritable complicité s’est tissée entre les deux hommes, permettant à un projet utopique de voir le jour. Cinq ans après l’avoir rencontré, Bernard Arnault a lancé avec Frank Gehry ce projet d’envergure : en 2006, à ses côtés, se tenaient le Ministre de la Culture, le Maire de Paris, et le Président de Louis Vuitton. Grâce à cette vision, LVMH s’enrichit d’une nouvelle étoile, Paris d’un nouveau monument emblématique. La Fondation Louis Vuitton est une marque de confiance et un geste de grande générosité à destination des générations futures.
Comment le projet artistique de la Fondation a-t-il été pensé et à quel public s’adresse-t-il ?
Sophie Durrleman : Accueillir et accompagner un large public, curieux de découvrir l’art contemporain exposé dans le bâtiment de Frank Gehry, architecte de réputation mondiale, susciter interrogations et réponses, émotion et émerveillement… Telle est la vocation de la Fondation Louis Vuitton. Cet écrin dessine les contours d’une mission pédagogique et culturelle fondée sur des valeurs d’exigence et de performance portées par l’histoire de l’entreprise. Les publics de la Fondation se caractérisent par la grande diversité de leurs pratiques culturelles, comme de leurs attentes. Ce nouveau public pour un nouveau lieu culturel, aussi séduisant soit-il, n’en reste pas moins un visiteur averti, rompu aux nouvelles technologies et aux chocs visuels renouvelés. Sollicité sans cesse par des offres culturelles diversifiées et foisonnantes, il attend des propositions nouvelles offrant aussi les indispensables repères culturels et pédagogiques. Pour répondre au mieux à ces aspirations, le fil conducteur est la volonté de concevoir des outils de médiation qui favorisent la découverte que la connaissance et la transmission, traduisant ainsi la configuration particulière de l’institution.
L’ouverture de la Fondation Louis Vuitton apporte une dimension nouvelle à l’action d’intérêt général de LVMH. Comment ce lieu s’inscrit-il dans la politique de mécénat du Groupe ?
Jean-Paul Claverie : LVMH a mené dès les années 1990, au travers de son soutien à l’art et à la culture, autour par exemple d’expositions d’envergure internationale – près de quarante -, en soutien aux plus importantes institutions culturelles et artistiques constituant le socle identitaire de la Fondation. Cette Fondation marque l’aboutissement des actions engagées par le Groupe et ses maisons depuis près de vingt-cinq ans pour soutenir l’art, la culture et le patrimoine. Edifiée au cœur d’un site historiquement et culturellement remarquable, la Fondation par son bâtiment vient enrichir le patrimoine architectural de Paris. Elle marque un engagement pérenne avec la volonté de s’enraciner dans un lieu et de faire vivre un engagement philanthropique dans la durée avec la construction d’un édifice exceptionnel sur le domaine public municipal et la signature avec la Ville de Paris d’une convention d’occupation de 55 ans. Passé cette date, La Fondation retournera à la Ville de Paris.